Pourquoi les insultes marquent plus que les compliments ?

Certaines paroles blessantes restent gravées pendant des années, alors que les compliments s’effacent en quelques secondes.

Ce phénomène s’explique par la manière dont le cerveau humain traite les informations négatives et positives.

La science parle ici de « biais de négativité », une tendance naturelle à accorder plus d’attention, de poids et de mémoire à ce qui fait mal et aux expériences négatives. 

Le cerveau et la menace : une question de survie

Depuis des millénaires, le cerveau humain est programmé pour détecter le danger. 
Un mot déplacé, une remarque blessante, une critique, une insulte ou une situation humiliante activent les mêmes circuits que ceux impliqués dans la peur ou la douleur physique.

  • L’amygdale, centre des émotions, s’active immédiatement, déclenchant une alerte.
  • L’hippocampe, lié à la mémoire, enregistre alors l’événement avec une intensité particulière.

Des études en neurosciences montrent que les insultes ou remarques négatives provoquent une activité cérébrale plus forte, plus rapide et plus durable que les compliments.
Le cerveau perçoit ces mots comme des signaux de menace sociale — rejet, jugement, exclusion — et les encode prioritairement pour protéger l’individu.

Pourquoi un mot blessant reste, et un compliment s’efface

Un seul mot blessant peut laisser une trace durable, car il a été enregistré comme un danger potentiel.
À l’inverse, un compliment, s’il n’est pas vécu comme un moment fort, est souvent perçu comme « normal » et n’active pas les mêmes circuits émotionnels. Le cerveau, focalisé sur la survie, retient ce qui pourrait nuire avant ce qui fait du bien.

Ce mécanisme explique pourquoi les critiques ou les insultes peuvent hanter longtemps, même lorsqu’elles datent de plusieurs années. Elles ont été encodées comme des blessures à ne pas revivre.

Ce biais de négativité est une invitation à la conscience : 

  • Il rappelle que la sensibilité face aux mots est une réaction biologique.
  • Il explique pourquoi les compliments, même nombreux, semblent parfois glisser sans laisser de trace.
  • Il montre aussi qu’il est possible de rééduquer l’attention : en prenant le temps de savourer, d’intégrer, de ressentir pleinement les expériences positives.

Rééquilibrer la balance intérieure

Pour contrebalancer ce biais, il est utile de s’ancrer dans le positif.
Prendre quelques secondes pour ressentir un compliment, une reconnaissance, un geste bienveillant au lieu de répondre rapidement par : "Merci!", "C'est très gentil!"... 
Laisser le corps et le cœur enregistrer et faire empreinte de la chaleur et de la douceur du moment. Plus ces instants sont vécus avec présence, plus ils s’impriment dans la mémoire émotionnelle.

 Le cerveau retient ce qui menace. Le cœur, lui, peut apprendre à retenir ce qui nourrit.

Fatima Moustakime, Gestalt praticienne 

Cabinet de psychothérapie humaniste à Clichy sous bois (93) et en ligne 

La thérapie n’est pas un luxe, c’est un acte de présence envers soi.