Quand l'amour devient conditionnel

La prostitution affective et le faux self 

Le terme prostitution affective peut choquer, heurter, déranger, déstabiliser. Il évoque quelque chose de violent, d’indécent.
Et pourtant… c’est précisément cette violence intérieure que vivent de nombreuses personnes lorsqu’elles prennent conscience de ce qu’elles se sont infligé pendant des années pour être aimées.
Ce mot transcrit l’expérience d’avoir tout donné de soi, parfois jusqu’à disparaître pour obtenir une peu d’affection, un regard, une place, une illusion d’amour

La prostitution affective commence souvent tôt, très tôt, souvent dans l’enfance. Elle prend racine des endroits où l’amour devient conditionnel : “Sois sage”, “ne dérange pas”, “ne pleure pas”, “sois fort”, “travaille bien”, « écoute »…

L’enfant apprend que pour être aimé, il faut se conformer. Pour être accepté, il faut s’adapter. Pour être vu, il faut performer. Et peu à peu…

  • Une partie de soi commence à s’ajuster, à s’adapter et à performer
  • et une autre se tait, s’éteint, se cache et disparait.

C’est ainsi que naît le faux self : une version de soi construite pour répondre aux attentes de l’autre. Un soi “caméléon”, toujours prêt à se moduler pour préserver la relation, éviter le conflit, maintenir l’amour de l’autre — même si cela coûte l’amour de soi.

Un mécanisme de survie

Personne ne choisit consciemment de se prostituer affectivement. Personne ne se réveille un matin en se disant : “Je vais me prostituer affectivement”.

C’est un mécanisme de survie relationnelle. Une stratégie inconsciente mise en place à l’enfance, pour ne pas perdre ses figures d’attachement, pour éviter la solitude, et pour survivre face à l'insupportable. 

Il est de somme importance regarder ce mécanisme avec douceur et beaucoup de compassion. Car ces comportements ont été des adaptations nécessaires à un moment donné. Ces personnes, peut-être soi ou peut-être d’autres, n’avaient ni les ressources, ni la sécurité, ni la liberté d’être elles-mêmes. Elles ne pouvaient pas faire autrement. 

Les conséquences silencieuses à l’âge adulte

Ces ajustements précoces façonnent notre manière d’être au monde :

  • devenir expert(e) dans l’art de faire plaisir et satisfaire,
  • dire oui quand on voudrait dire non,
  • donner trop et recevoir peu,
  • choisir des liens qui ne sont pas ajustés, 
  • s’oublier dans la relation,
  • s’auto-abandonner presque automatiquement,
  • confondre amour et sacrifice, croire que l'amour doit se mériter 
  • se sur-adapter, etc. 

Derrière cette dynamique se cache souvent une fatigue immense, une tristesse profonde, la sensation de ne jamais être vraiment soi, nulle part. De ne jamais être aimé pour ce que l’on est, mais pour ce que l’on offre et on sacrifie. De ne jamais être assez ou suffisamment bon. 

Le processus thérapeutique : désapprendre, déconstruire, réapprendre

Sortir de la prostitution affective n’est pas un simple “changement”.
C’est un processus de transformation intérieure, long, subtil, exigeant, mais profondément libérateur.

Désapprendre

  • Désapprendre à se trahir.
  • Désapprendre les réflexes automatiques de sur-adaptation.
  • Désapprendre à mettre les autres au centre de soi-même.

Réapprendre

  • Réapprendre à sentir : qu’est-ce que je veux ? qu’est-ce que je ne veux plus ? Quel est mon besoin ? Je réponds favorablement parce
  • Réapprendre à poser des limites.
  • Réapprendre à dire non sans sentir d’angoisse ou sentir de la culpabilité.

Déconstruire

  • Déconstruire le faux self, couche après couche.
  • Nommer les loyautés invisibles.
  • Revisiter l’histoire pour comprendre comment la survie a façonné la manière d’aimer.
  • Réapprendre à exister sans performer, dans l’imperfection.

Reconstruire

  • Reconstruire une identité plus juste, ancrée dans ce que l’on ressent vraiment.
  • Reconstruire un rapport au monde où l’on n’a plus besoin de se vendre pour être aimé.

Se réajuster

L’un des piliers de la Gestalt-thérapie est le réajustement continu : à soi, à l’autre, à la relation. Sortir des polarités. Trouver une manière d’être au monde où l’on peut être soi et en lien.

Construire.
Construire une manière de vivre plus authentique.
Des relations où l’on n’a plus à gagner ou mériter de « l’amour ».
Des espaces où l’on peut être vu par ce que l’on est.

Commencer à exister en étant soi

Le chemin pour sortir de la prostitution affective est un chemin de retour vers soi.
Il ne s’agit pas simplement de “changer” — il s’agit d’exister, enfin.
D’exister sans se sacrifier, sans se sur adapter, sans disparaître.

Retrouver la liberté d’aimer

Sortir de la prostitution affective, c’est retrouver la liberté d’aimer sans se perdre.
C’est apprendre à se choisir, à se respecter et à se rencontrer enfin. C’est comprendre que l’amour véritable ne demande pas de se sacrifier, mais d’être pleinement vivant, présent, entier.

Fatima Moustakime, praticienne en Gestalt-thérapie

Cabinet de psychothérapie à Clichy sous-bois (93) et en ligne 

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